Des cubains en fuite du régime de Castro
Des venezoliens en fuite du régime de Maduro-chavez
Une famille des cubains a l'entrée de leur édifice commune pour plusieurs familles apelés
" solares "
On se débrouille à Cuba sous les Castros
21 May, 2020
Carmaux : socialisme donc pauvreté
Jean-Baptiste Noé
Parmi les thèmes et les analyses de la géopolitique, il y a ceux de la pauvreté, du développement, des ressources et de leurs usages.
La question est celle du rapport entre déterminisme et volontarisme et celle du rapport entre les territoires et ce qu’en font les hommes.
Le détour par l’histoire économique permet d’appréhender ces rapports.
La ville de Carmaux dans le Tarn (81) en est un bon exemple. Ancienne ville industrielle construite autour de l’extraction minière du charbon, Carmaux s’est développé à partir du XIXe siècle, avant de péricliter dans les années 1970 conséquemment à la fermeture des puits. C’est aujourd’hui une ville pauvre, au taux de chômage élevé, au prix immobilier faible (ce qui montre que le territoire est répulsif) dont une traversée du centre-ville permet d’observer une litanie de boutiques fermées et de devantures délabrées. Les friches industrielles des anciens bâtiments miniers sont encore observables, partiellement détruits, partiellement gagnés par la nature. La messe semble dite : Carmaux a été victime de la mondialisation et de la concurrence internationale qui a provoqué fermeture des mines, désindustrialisation et pauvreté.
MAIS LE SOCIALISME VENEZUELIEN FAIT CE-CI...VOIR LES PHOTO CI-DESSOUS ...!
Mais Carmaux est aussi le laboratoire français du socialisme.
C’est là que s’est installé un jeune professeur de philosophie né dans le sud du département, Jean Jaurès, qui après un passage par le parti républicain classique a pris sa carte au parti socialiste et s’est fait élire député dans la circonscription de Carmaux. La ville est l’une des premières à avoir élu un maire socialiste, parti qui dirige la mairie sans discontinuer depuis 1892.
Comme toutes les villes socialistes, on observe depuis une petite dizaine d’années une poussée du Front National, mais pas encore assez puissante pour prendre la ville. Une immense statue de Jean Jaurès trône au centre d’une place qui porte son nom. Les noms des rues et des bâtiments illustrent l’histoire du socialisme.
C’est à Carmaux que François Mitterrand a commencé sa campagne électorale de 1981. Plus tard, François Hollande avait expliqué que si Ségolène Royal avait perdu en 2007, c’est parce qu’elle n’était pas venue à Carmaux. Lui-même s’y est rendu lors de sa campagne victorieuse de 2012. Venir à Carmaux, s’est se rattacher au vrai socialisme, au monde ouvrier, aux espoirs de la gauche.
Mais derrière l’histoire officielle se découvre une autre histoire, qui montre un autre visage de la ville. Carmaux est le fruit de deux traditions : celle du socialisme, incarné par Jaurès et Mitterrand, et celle du capitalisme paternaliste, incarné par la famille Solages.
Une ville fondée par une famille
Venue du Rouergue, un premier Solages a commencé à organiser l’exploitation de la houille sous le règne de Louis XV. Ayant obtenu une concession royale et un anoblissement, il a développé l’activité industrielle de ce petit village, autour de la houille et du travail du verre (verrerie), qui nécessite un combustible puissant et à bas prix. La famille Solages est ensuite devenue propriétaire des mines et n’a cessé de développer d’un côté l’activité industrielle, de l’autre l’activité sociale. Fortement marqué par le catholicisme social, le marquis Ludovic de Solages a rencontré le pape Léon XIII, l’auteur de l’encyclique Rerum novarum, dont il a essayé d’appliquer les principes dans sa ville. Une grande partie de Carmaux a été construite sous son impulsion. Des logements pour les ouvriers, maisonnette simple, avec jardin et confort moderne pour l’époque, insérée dans un parc ; hôpital pour soigner les mineurs et leur famille ; bains-douches, parcs, jardins et grands bassins, pour l’hygiène et le soin des corps ; écoles, gratuites pour les enfants, confiées à des congrégations religieuses ; églises ; bâtiments administratifs des mines. À cela s’est ajoutée la création de mutuelles, de caisses de secours et de caisses de retraite, afin de venir en aide aux veuves, aux familles blessées et aux ouvriers indigents. Et bien sûr, comme dans de nombreux endroits en France, le soutien apporté au sport qui, dans le Sud-Ouest, rime avec rugby. Le club de Carmaux a connu son apogée en 1951 en devenant champion de France et en inscrivant son nom sur le bouclier de Brennus.
Les deux hommes illustrent bien les deux traditions françaises. D’un côté le socialisme révolutionnaire idéaliste, qui croit à la transformation sociale par la loi ; de l’autre l’entrepreneuriat et l’action économique, qui voit dans le progrès technique le moyen du progrès social.
Les nationalisations d’après-guerre.
Les mines de Carmaux ont été nationalisées après la Seconde Guerre mondiale et intégrées dans la société nationale des houillères d’Aquitaine. Les Solages ont été expropriés et plus rien dans la ville ne mentionne leur histoire : ni nom de rue, ni monument, ni plaque.
Aux charmantes maisons ouvrières, sobres et bien agencées, la mairie socialiste a répondu, dans les années 1970, par l’édification de barres HLM en centre-ville qui ont défiguré celui-ci et qui sont aujourd’hui d’une grande laideur. Cet exemple illustre parfaitement la démonstration de Philippe Nemo dans son Esthétique de la liberté : la liberté produit du beau, le socialisme produit de la laideur.
Les mines ont commencé à péricliter dans les années 1960, puis à fermer dans les années 1970. Dans un entretien accordé à
"La Dépêche du Midi " au moment de la nationalisation, Thibaut de Solages, le dernier propriétaire des mines, expliquait que le charbon de celles-ci était en train s’épuiser, qu’il n’était pas de bonne qualité, que les mines arrêteraient de fonctionner d’ici vingt ans et qu’il fallait donc dès maintenant penser à la reconversion économique. Ce qu’il annonçait là en 1947, c’est exactement ce qui s’est passé.
Ce qui signifie qu’une autre histoire était possible et que la désindustrialisation, avec son lot de chômage et de pauvreté, n’était pas une finalité.
Imaginons que les mines n’aient pas été nationalisées et que la famille Solages soit restée à la tête de l’entreprise, on peut penser qu’ils auraient cherché à diversifier l’activité économique et à assurer une transition entre l’industrie minière et une autre industrie. Thibaut de Solages avait lui-même investi dans plusieurs sociétés aéronautiques, en lien avec le pôle de Toulouse, qui commençait à prendre de l’ampleur. En 1962, à Castres, un pharmacien alors inconnu, Pierre Fabre, commençait à développer son activité pharmaceutique, qui est aujourd’hui le troisième groupe pharmaceutique français. On aurait très bien pu imaginer une connexion entre les laboratoires Fabre de Castres, l’aéronautique de Toulouse et le tissu industriel de Carmaux. Une autre histoire économique était donc possible.
Dans les années 1970, Michelin avait proposé d’ouvrir une usine de pneus à Carmaux et d’embaucher des mineurs afin de les reconvertir. La CGT s’opposa à la venue de cette usine, craignant de perdre sa main mise sur la ville et sur le monde ouvrier. Pas de reconversion donc, mais du chômage.
Corruption et connivence.
Lorsque j’étais enfant, j’ai souvent entendu dire que telle personne avait eu un emploi parce qu’elle « avait la carte » et je me suis souvent demandé qu’elle était cette mystérieuse carte qu’il fallait avoir pour décrocher un emploi, un logement ou un autre service utile. Il s’agissait de la carte du parti socialiste qui, dans cette région, ouvre bien des portes, et notamment les subventions publiques.
Les années 1990 ont notamment été marquées par la faillite d’un groupe agro-alimentaire de fabrication de cassoulet, installé sur la commune grâce à de généreuses aides publiques, bénéficiant de marchés publics de restauration léonins et finançant une partie des campagnes électorales du coin.
Le problème de la corruption, c’est que non seulement elle brûle de l’argent public, mais qu’elle assure des postes aux gens médiocres, bloquants ainsi l’ascension et le développement possible d’entrepreneurs, qui n’ont pas d’autre choix que d’aller ailleurs. Cela empêche donc le développement de la région.
La pauvreté et la misère deviennent une rente politique à exploiter. Si jamais la ville se développait, la population serait modifiée et donc le corps électoral, ce qui ferait sauter les rentes de situation politique.
Après la fermeture des mines, il a été décidé d’acheter la paix sociale en créant une mine à ciel ouvert : La Découverte. Un immense trou fut creusé, de 230 mètres de profondeur et 1 300 mètres de diamètre, qui engloutit des millions et dont ne sortit presque pas de charbon. Puis le trou fut reconverti en parc de loisirs en 2003. Un investissement de 66 millions d’euros, qui accueillit une étape de contre-la-montre lors du Tour de France 2003. Les visiteurs ne se pressèrent pas aux portillons du parc et celui-ci fit faillite à son tour.
La région ne manque pourtant pas d’atouts, entre Massif central et bassin toulousain. L’ouverture d’une route nationale à deux voix entre Rodez, Albi et Toulouse a permis de désenclaver la zone et de la relier aux réseaux de communication. C’était la première chose à faire, dès les années 1970, pour permettre le renouveau économique de la région. C’est là que l’argent public aurait dû être dépensé en priorité, non dans le maintien d’une activité de charbonnage dépassée.
Toutes ces régions pauvres croulent sous l’argent public, le gaspillage, la corruption. Ce que l’on appelle pudiquement du nom de « socialisme ». Une idéologie qui continue à avoir ses admirateurs, dont on cherche pourtant les fruits positifs, quand les entrepreneurs et les créateurs d’entreprise, qui eux œuvrent réellement pour le progrès social et l’amélioration des conditions de vie, sont oubliés.
21 May, 2020
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